Effectif d'aloses aux stations de comptage
Historiquement, les aloses fréquentaient peu les cours d'eau bretons, à l'exception depuis les années 1980 de la Vilaine et l'Aulne. Sa présence s'est renforcée récemment avec l'augmentation de la température de l'eau et une distribution marine plus nordique de l'espèce, à l'instar de beaucoup de poissons marins, entraînant une plus large dispersion des individus à partir des grands fleuves (changement climatique). La grande alose apparaît plutôt comme une espèce en phase de colonisation. Les faibles capacités d'accueil des cours d'eau bretons se traduisent par des effectifs qui restent souvent faibles et qui fluctuent naturellement très fortement d'une années sur l'autre. |
A l'heure actuelle, la principale menace demeure l'entrave à la libre circulation des populations d'aloses, dont les capacités de franchissement des ouvrages sont limitées, empêchant l'accès à des zones de reproduction nouvelles voire historiques. Les aloses sont contraintes de se reproduire en aval des obstacles sur des frayères forcées où la survie des oeufs est moindre.
L'exploitation par la pêche professionnelle peut également s'avérer une menace, comme c'est le cas sur la Vilaine.
Lire l'article sur la réglementation de la pêche des aloses
Les remontées de géniteurs d'aloses aux stations de comptage en Bretagne
Depuis le début des années 90, des suivis permettent en Bretagne d’obtenir des informations sur les flux de migration en vue d’évaluer l’état des populations d'aloses et suivre leur évolution. Les stations de contrôle des migrations permettent de compter en continu les passages de poissons. Implantées à l’aval de cours d’eau principalement au niveau de seuils équipés d’un dispositif de franchissement (passes à poissons) ou d’un système de piégeage. En Bretagne, 3 vidéo-comptages et 1 une station de piégeage suivent toute l’année les migrations des aloses.
Le vidéocomptage consiste à filmer en continu les poissons franchissant la passe, à travers une vitre située sous le niveau de l'eau. Un logiciel d’analyse d'images détecte tout objet en mouvement dans l'image et déclenche l'enregistrement et la sauvegarde des séquences vidéo numériques sur un support informatique. 2 types de matériel sont utilisés en Bretagne :
- SYSIPAP (Système de suivi informatique des passes à poissons) sur l’Elorn, l’Aulne canalisée et la Vilaine
- Riverwatcher avec son système de caméra, utilisé sur l’Aulne rivière (suivi du saumon atlantique)
Le comptage par piégeage, quant à lui, consiste à capturer les poissons dans un dispositif approprié installé dans la passe ou à sa sortie et à en effectuer manuellement le dénombrement avant de les relâcher à l'amont. Le piège est généralement constitué d'une cage grillagée ou d'une chambre munie d'un système anti-retour (principe de la nasse) disposé sur le trajet du poisson. En Bretagne, ce système est utilisé au niveau de la station du moulin des Princes sur le Scorff.
Pour chaque alose comptée, de nombreuses données sont relevées : la date et l’heure de passage, le sens de migration, la taille. Le piégeage apporte des informations complémentaires sur l’individu : le sexe, l’âge et la lecture de marque interne.
Description de l'indicateur
L'objectif du suivi des effectifs de géniteurs d'aloses aux stations de contrôle est double :
- Evaluer le potentiel reproducteur en rivière de l'espèce,
- Mieux gérer localement les stocks d'aloses.
Pour chaque station de contrôle, l'effectif annuel d'aloses correspond au bilan migratoire c'est-à-dire au nombre d'aloses comptées/estimées dans le sens de la montée auquel est ôté le nombre d'aloses comptées/estimées dans le sens de la descente.
Mode de calcul et règles d'interprétation de l'indicateur
- ETAT TRES BON : la valeur est supérieure à 80% du quantile 90% de la station de contrôle
- ETAT BON : la valeur est sesitue entre 60 et 80% du quantile 90% de la station de contrôle
- ETAT MOYEN : la valeur est sesitue entre 40 et 60% du quantile 90% de la station de contrôle
- ETAT MAUVAIS : la valeur est sesitue entre 20 et 40% du quantile 90% de la station de contrôle
- ETAT TRES MAUVAIS : la valeur est inférieure à 20% de la station de contrôle
- En forte hausse : la valeur annuelle a augmenté de plus de 20% par rapport à la moyenne interannuelle
- En hausse : la valeur annuelle a augmenté entre 5 et 20% par rapport à la moyenne interannuelle
- Stable : la valeur annuelle se situe entre - 5 et +5% de la moyenne interannuelle
- En baisse : la valeur annuelle a diminué entre 5 et 20% par rapport à la moyenne interannuelle
- En forte baisse : la valeur annuelle a diminué de moins de 20% par rapport à la moyenne interannuelle
Fiabilité de l'indicateur
Chaque station de contrôle se caractérise par des biais structurels liés à la configuration du site. Dans certaines conditions hydrologiques (débit, marée), l'efficacité maximale des dispositifs de franchissement - donc des stations de contrôle - ne peut pas être assurée. Un certain nombre d'aloses peut en effet échapper aux comptages en franchissant l'obstacle sans passer par les passes à poissons ou le piège.
L'échappement des aloses n'est mesuré sur aucune station de contrôle. Il est toutefois apprécié au niveau de la station de contrôle de Kerhamon par une correction de l'effectif d'aloses basée sur le temps de non-fonctionnement du vidéocomptage et du temps de franchissabilité du seuil, fonction du débit. L'échappement n'est pas évalué pour les autres stations de contrôle.
Selon les stations de contrôle, le bilan migratoire prend donc en compte l’échappement. 3 niveaux de qualification de la donnée ont été déterminés :
- Effectif estimé (étude spécifique pour apprécier l’échappement d’une espèce migratrice au niveau d’une station de contrôle)
- Effectif corrigé (correction du comptage à dire d’experts) cas de la station de contrôle de Kerhamon sur l'Elorn
- Effectif compté (effectif minimal) cas des stations de contrôle de Châteaulin sur l'Aulne, du Moulin des Princes sur le Scorff et d'Arzal sur la Vilaine
Chaque station de contrôle connaît également des biais ponctuels liés aux arrêts d'enregistrements vidéos ou de piégeage. A partir de la période et le nombre de jours d’arrêt, ces biais peuvent être appréciés chaque année par un indice de fiabilité correspondant au temps de fonctionnement d'une station de contrôle sur la période de migration principale des aloses (du 15 mars au 15 juillet) :
- Fiabilité élevée : la valeur est supérieure à 66% de la période de migration principale des aloses
- Fiabilité moyenne : la valeur se situe entre 33 et 66% de la période de migration principale des aloses
- Fiabilité faible : la valeur est inférieure à 33% de la période de migration principale des aloses
Région Bretagne
INRAe / FDAAPPMA 56
Camfrout, Douffine, Aulne
Scorff
Vilaine, Saint Eloi