La grande alose appartient à la grande famille des poissons migrateurs amphihalins dont leur cycle de vie leur impose une migration entre les eaux douces et salées. En Bretagne, la grande alose peut côtoyer l’alose feinte qui fréquenterait toutefois plutôt les parties estuariennes du nord de la Bretagne… (-> Pour distinguer les 2 espèces de façon certaine, rendez-vous en octobre…)
Carte d'identité de la grande alose
La grande alose présente une silhouette très semblable à celle d'une sardine ou d'un hareng, ses proches cousins. On la reconnait en particulier grâce à sa tâche noire bien marquée derrière l’opercule, à ses grandes écailles et à la présence d'une carène ventrale (sorte de bourrelet dur sur le ventre).
Carte d'identité :
- Nom scientifique : Alosa alosa
- Nom commun : grande alose
- Age de mer : de 2 à 6 ans
- Taille : de 30 à 70 cm
- Poids : 1 à 3,5 kg
- Statut (liste rouge France) : en danger critique d’extinction
- Responsabilité de la Bretagne vis-à-vis de cette espèce : majeure
Mœurs d’une grande alose
Pendant les mois du printemps et d'été se déroulent successivement la montaison des adultes, la reproduction et la dévalaison des jeunes. Les aloses séjournent peu de temps en eau douce. Quelques mois après leur naissance, les jeunes aloses (alosons) prennent déjà la route de l'estuaire.
Après 3 à 7 ans de croissance en mer, les grandes aloses remontent les cours d’eau pour s’y reproduire entre mai et juin. Les mâles et les femelles se rassemblent par dizaine sur des zones choisies afin d'assurer le meilleur succès de leur reproduction. Ils effectuent des mouvements circulaires à la surface de l’eau, appelés « bulls », au cours desquels les ovules sont expulsés par la femelle et fécondés par les mâles. Les alosons passent plusieurs mois en rivière et en estuaire avant de rejoindre la mer.
-> pour en savoir plus sur le cycle de vie de la grande alose, rendez-vous tout au long de l’année !
Répartition des grandes aloses en Bretagne
La grande alose était originellement présente de l’Islande aux côtes marocaines. L'aire de répartition de cette espèce s'est fortement réduite du fait des activités anthropiques : perte et fractionnement de leur habitat, baisse de la qualité des eaux et surexploitation due à la pêche. Elles sont en effet particulièrement sensibles aux ruptures de la continuité écologique associées à la présence d’ouvrages hydrauliques qui freine ou bloque leur migration. Au Nord, l'Elbe, le Rhin, la Meuse et la Seine semblent désertés par la grande alose. De même, au Sud, l'espèce est éteinte sur les fleuves marocains du Sud.
En France, présente sur tous les grands fleuves au XVIIIème siècle, sa répartition a fortement diminué au cours des XIXème et XXème siècles. On la trouve aujourd’hui dans les bassins de la Gironde, la Loire, l’Adour, la Charente et la Nivelle et quelques cours d’eau côtiers de la Manche et de l’Atlantique. Le retour de l’alose a été récemment constaté sur la Seine.
En Bretagne, son aire de répartition se limitent principalement aux grands fleuves côtiers avec des fluctuations importantes du stock d’une année sur l’autre. Ceci dit les aloses fréquentaient historiquement peu les cours d'eau bretons. Ce n’est qu’à compter des années 80 que des remontées de grandes aloses sont observées, en premier lieu sur la Vilaine et l'Aulne. A la faveur d’une possible augmentation de la température de l’eau et d’une distribution marine plus nordique de l’espèce, sa présence s’est renforcée en Bretagne depuis deux décennies à partir de la dispersion d’individus originaires de la Loire voire de la Gironde. La grande alose apparaît actuellement plutôt comme une espèce en cours de colonisation des cours d’eau bretons.
Rendez-vous fin mars pour le prochain épisode !