Tout au long de l'année 2023, Bretagne Grands Migrateurs lance une chronique sur la lamproie marine "Une année avec... la lamproie marine!". Aujourd'hui, le huitième épisode : Une vie enfouie sous le sable !
Dans les secondes qui suivent la ponte, les œufs de lamproies marines, adhésifs, tombent au fond du nid et s’insinuent dans les interstices du sédiment. 2 semaines plus tard, les œufs éclosent.
Les pré-larves se nourrissent sur leur réserve vitelline : au moment de l’éclosion, les larves mesurent entre 3 et 5 mm ; à l’émergence au bout de 5 à 6 semaines, elles atteignent 10 mm et quittent le nid pour s’enfouir dans les sédiments à l’aval, afin d’y poursuivre leur croissance… La phase embryonnaire - de l’œuf à l’émergence des larves - chez la lamproie marine se déroule entre mai et août et dure environ 40 jours (si la température de l’eau est de 18°C).
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Les larves, maintenant appelées ammocètes, n’ont pas de disque buccal, d’yeux et de nageoires. Elles vivent enfouies - en laissant dépasser leur bouche - dans un substrat relativement fin, allant du sable fin au gravier, au niveau de zones à courant lent permettant le dépôt des particules dont ils se nourrissent en filtrant l’eau de manière sélective (algues, détritus organiques ou bactéries). La croissance des ammocètes dure entre 4 et 7 ans. Elle dépend classiquement de l’abondance de la nourriture et de la température de l’eau. A la fin de leur vie larvaire, les lamproies cessent de croître et commencent à accumuler des lipides dans leurs tissus. La différenciation sexuelle, qui n’est généralement pas complète chez les ammocètes avant la métamorphose, est influencée par les paramètres environnementaux et l’abondance de larves. |
Depuis 2015, le succès de la reproduction des lamproies est évaluée sur plusieurs cours d’eau morbihannais par la fédération de pêche du Morbihan grâce à un protocole de suivi mis au point conjointement par l’INRAE, le MNHN et OFB. Il consiste à prélever du sédiment favorable aux juvéniles de lamproies (litière, sédiment fin) sur 30 points par station, de déterminer les éventuelles larves - lamproies marines ou lampetra sp. (Lamproies de planer ou lamproies fluviatiles) - ou les formes métamorphosées, et de les mesurer individuellement avant de les remettre à l’eau. Depuis 2016, ce suivi est complété par des prospections de type « présence-absence » en milieu profond à l’aide d’un matériel spécifique (mettre photo de la ravageuse).
Télécharger le rapport de suivi 2022
La phase embryo-larvaire est chez la lamproie marine une phase critique, particulièrement au moment de l’émergence lorsque les larves quittent le nid pour coloniser des habitats propices en aval. Les ammocètes ont de nombreux prédateurs : anguilles, vairons, perches, chabots mais aussi certains oiseaux comme les hérons. Leur mode de vie les rend par ailleurs sensibles aux pollutions et aux assecs.
Lorsque les larves atteindront une taille supérieure à 120 mm, certaines débuteront à partir de juillet leur métamorphose avant de rejoindre la mer… mais ceci est une autre histoire !
Rendez-vous fin septembre pour un nouvel épisode !