Tout au long de l'année 2024, Bretagne Grands Migrateurs lance une chronique sur la continuité écologique "Circulez !". Aujourd'hui, le septième épisode...
Le bon fonctionnement d’une passe à poissons dépend bien entendu de sa conception mais aussi de son entretien… Une passe encombrée peut, à elle seule, empêcher la colonisation d’un axe entier ! Malgré l’obligation réglementaire (L.216-7 CE et L214-17 CE), les propriétaires/gestionnaires sont généralement peu conscients de l’importance de gérer/suivre les passes à poissons et de réaliser un entretien régulier.
Plusieurs études ont en effet mis en avant un défaut récurrent d’entretien : 33% en Basse-Normandie (Gaberel, 2005), 60 % sur le bassin de la Loire (Boucault et al., 2008) ou encore 31% sur 4 bassins bretons (BGM-OFB, 2013). |
Tout propriétaire est juridiquement responsable de son ouvrage et du dispositif de franchissement. Sauf convention spécifique, le propriétaire est l’unique gestionnaire de ses installations. |
Quels problèmes d’entretien rencontrés ?
- L’encombrement par des débris organiques et/ou corps dérivants, appelé colmatage, peut toucher la prise d’eau ou l’intérieur du dispositif. Il peut avoir pour conséquence une diminution du débit d’alimentation de la passe à poissons, la rendant peu attractive, voire totalement inefficace, ou la création d’un obstacle physique à la remontée des espèces piscicoles.
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L’accumulation de sédiments peut concerner la prise d’eau, l’intérieur du dispositif, ou encore l’entrée piscicole. Cela peut entrainer la baisse du débit d’alimentation de la passe à poissons, la modification de ses conditions hydrauliques, les rendant inadaptées aux capacités de nage des poissons ou encore le comblement de la fosse d’appel.
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La dégradation physique du dispositif de franchissement impacte directement sa fonctionnalité. Cela peut se traduire par l’affouillement de parois ou leur écroulement, la dégradation de certains organes du dispositif, l’apparition de fuites ou renards hydrauliques. Elle est d’ailleurs accélérée par le manque d’entretien.
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Dans le cas de passes à poissons équipées d’un dispositif de régulation des vitesses de courant et celles équipées d’un dispositif de pompage, une mauvaise gestion hydraulique, en particulier aux périodes de migration des espèces cibles, peut rendre la passe moins attractive et même infranchissable.
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Périodes de migration principales des poissons migrateurs en Bretagne © BGM
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Il est donc nécessaire de réaliser un contrôle régulier de sa passe à poissons et de l’entretenir au besoin. L’entretien conditionne la franchissabilité d’une passe à poissons !
Comment entretenir une passe à poissons ?
Il est primordial de réaliser un contrôle régulier. 3 types de visites sont préconisés :
Un contrôle hebdomadaire à journalier pendant les périodes de migration
Cette visite de routine vise à vérifier par simple constat visuel le bon fonctionnement de l’installation. Les points à observer sont : l’état de colmatage de la grille de protection de la prise d’eau de la passe à poissons, l’état de colmatage du corps principal de l’ouvrage (échancrures, fentes verticales, …), la régularité de fonctionnement de l’ouvrage (écoulements, chute ou jet aval de sortie, chutes entre les bassins, …), l’état de colmatage des ouvrages annexes (vannes de décharge, prise d’eau du dispositif de débit d’attrait, …).
Un contrôle d’inspection (ouvrage en eau) après chaque épisode de crue, propice au colmatage des dispositifs
L’inspection visuelle porte sur la structure de l’ouvrage, les organes de régulation et les équipements divers (sécurité, …). Cette visite, devra être réalisée en période estivale lorsque les débits sont au plus bas mais aussi systématiquement suite à une crue.
Un contrôle annuel détaillé avant chaque saison de migration avec mise à sec du dispositif afin d’observer les parties habituellement immergées
Cette visite a pour objectif d’inspecter la structure de l’ouvrage, les organes de régulation et les équipements divers (sécurité, …). A opérer en condition de vidange totale de l’ouvrage, elle impose le batardage amont / aval ainsi que la vidange par pompage du dispositif, quand cela est nécessaire. Les points à contrôler sont :
- Les protections de l’ouvrage (grillage, garde-corps, caillebotis…) ainsi que les éléments d’accès (passerelle, escalier, trappes, …)
- Les vannes de contrôle de l’ouvrage ainsi que les organes de manœuvre
- Le système électrique (capteur de niveau d’eau, câblage, éclairage…)
- L’état des voiles et des cloisons de la passe à poissons (repérage de fissures…)
- Le nettoyage général de l’ouvrage (grille, orifices de fond, fentes verticales, bassins, rainures de batardage…) avec évacuation des flottants,
- L’inspection des conduites d’alimentation (débit d’attrait…)
Tout colmatage significatif ou anomalie constatée doit entraîner une intervention de maintenance/réfection dans les meilleurs délais !
Plusieurs documents sont mis à disposition des propriétaires et gestionnaires pour les aider :
Sources :
Relecture : Marie-Andrée ARAGO, OFB
Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel article !