Les capacités de franchissement des anguilles
En plus de savoir nager, les anguilles sont capables de ramper.
Toutefois, si on leur laissait le choix, elles préfèreraient nager et ne pas avoir à franchir d'obstacle sur des tapis-brosses... malgré leur silhouette serpentiforme, il s'agit avant tout de poissons !
Les déplacements des anguilles doivent être assurés dans les deux sens (montaison et dévalaison). En migration anadrome, les anguilles peuvent franchir un obstacle si sa pente n'est pas trop élevée et si le substrat est suffisamment humide et rugueux. Sinon, l'ouvrage est équipé d'une passe à anguille. En migration catadrome, des gouttières de dévalaison peuvent être aménagées afin de limiter la chute ou le passage par des turbines, souvent mortels.
Des actions sont mises en œuvre pour restaurer la libre circulation des anguilles en montaison et en dévalaison. Ces actions sont :
L'effacement des obstacles
Même s'ils ne sont pas tous totalement infranchissables, les obstacles constituent chacun un frein au bon déroulement des migrations. L'idéal pour améliorer la circulation est donc d'effacer les obstacles. A minima, l'effacement concerne les obstacles dont l'usage n'est pas d'intérêt collectif.
L'aménagement et la gestion adaptée des ouvrages
Lorsqu'un usage d'intérêt collectif est avéré au niveau d'un obstacle, il convient d'en limiter l'impact sur les déplacements des migrateurs. Plusieurs solutions sont envisagées :
- Aménagement de passes à anguille
L'amélioration du franchissement des obstacles par l'anguille est facilitée du fait de sa capacité à ramper. Un mince filet d'eau sur une surface rugueuse suffit pour permettre aux anguilles de franchir de forts dénivelés. Il est techniquement plus facile et généralement moins coûteux d'aménager une passe à anguilles qu'une passe à poissons multi-espèces.
Le système de franchissement spécifique aux anguilles est composé de tapis-brosse dont les espacements entre les brosses et leur taille dépend de la taille des anguilles : plus la passe se situe à proximité de la mer, plus les individus seront de petite taille et plus les brosses seront resserrées.
Passe à anguille et son tapis brosse permettant aux anguilles de ramper(Source : A.Senecal - FDPPMA 29)
Sur la période 2005-2011, 7 ouvrages ont été aménagés spécifiquement pour faciliter la libre circulation des anguilles :
- Une passe à anguille sur le barrage de Molière sur la Vilaine (ICIRMON, 2005) ;
- Quatre passes à anguilles sur le Semnon, affluent de la Vilaine (FDPPMA35, 2006) (Grand Moulin / Pléchâtel, Rochereuil, Bas Germigné et Etang de la Forge) ;
- Une 2ème passe à anguille construite au barrage d’Arzal sur la Vilaine en 2007 ;
- Une passe à anguille construite sur le barrage de Malon sur la Vilaine au printemps 2011.
De plus en plus d'ouvrages sont aménagés spécifiquement pour améliorer la circulation des anguilles. D’autres ouvrages ont été aménagés pour faciliter la libre circulation des migrations, aménagements qui ont profité également à l’anguille.
- Aménagement et gestion des équipements hydroélectriques
Des recherches en cours visent à diminuer la mortalité des anguilles lorsqu'elles passent dans les turbines. Celles-ci sont en effet à l'origine de la mortalité de géniteurs en route pour la Mer des Sargasses. La hauteur de chute, le diamètre de la roue, la vitesse de rotation, le débit turbiné ainsi que la taille des anguilles font varier cette mortalité. Des arrêts de turbinage en période de dévalaison sont également préconisés afin de réduire la mortalité dans les pales.
Hélice de turbine hydroélectrique (Source : P.Steinbach - ONEMA)
Des modes de gestion coordonnés peuvent être adoptés à l'échelle des bassins versants afin de limiter l'impact des turbines. La détection des pics de crue permet d'arrêter le turbinage au moment précis où dévalent les anguilles argentées et de manœuvrer ainsi les turbines successives installées d'amont en aval des bassins versants.
"Les manœuvres d'ouvrages pour le franchissement de l'anguille", présentation de T.Besse lors des rencontres de LOGRAMI - 29 et 30 octobre 2012
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Exemple d'une solution d'urgence temporaire de gestion des ouvrages hydroélectriques à l'échelle d'un bassin versant :
"Une expérimentation de gestion coordonnée a été menée sur l'ensemble du bassin versant de la Mayenne. Depuis octobre 2008, 19 centrales appliquent chaque automne plusieurs arrêts synchronisés de leurs turbines. Il s'agit d'une mesure d'urgence dans l'attente de solutions techniques pérennes de limitation de la mortalité des anguilles, comme l'installation de grilles fines sur les prises d'eau ou le remplacement par des turbines "ichtyocompatibles".
- Gestion des ouvrages mobiles
Les premiers ouvrages que rencontrent les civelles sont souvent des portes à flots installées à proximité de estuaires afin d'empêcher l'eau de mer de pénétrer en eau douce. En Bretagne, de nombreux ouvrages de ce type bloquent l'accès vers le continent (estuaires du Couesnon, du Guyoult, du Biez Jean, d'Arzal, etc.). Ces ouvrages empêchent l'accès vers de grandes surfaces en eau potentiellement intéressantes pour la croissance des anguilles. De plus, ils favorisent aussi parfois la capture des civelles par les pêcheries (cas de l'estuaire de la Vilaine qui couvre 1/3 de la surface de la Bretagne).
Télécharger le rapport du test de gestion des ouvrages de protection à la mer de l'estuaire de la Gironde (Source : association migrateurs de la Garonne et de la Dordogne (MIGADO))