Tout au long de l'année 2024, Bretagne Grands Migrateurs lance une chronique sur la continuité écologique "Circulez !". Aujourd'hui, le neuvième épisode...
Pour les espèces migratrices amphihalines, l’estuaire représente un corridor migratoire mais également des habitats d’alimentation et de croissance. Cette interface est aussi le lieu des modifications physiologiques intenses qui permettent à ces espèces de s’adapter au milieu doux lorsqu’elles arrivent de l’océan, et inversement. La continuité entre la mer et l’eau douce est donc vitale pour ces espèces ! |
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L’enjeu de la libre circulation piscicole commence ainsi dès la mer, la présence d’ouvrage transversal conditionnant l’accès à des bassins versants plus ou moins vastes et/ou à des marais doux endigués pouvant offrir des habitats de qualité. Selon les sites et notamment l’importance de l’axe concerné, cette problématique de libre circulation peut concerner, outre l’anguille, tout ou partie des autres espèces migratrices amphihalines présentes en métropole. Et avec plus de 500 estuaires recensés, constituant autant de portes d’entrée vers les sites vitaux de reproduction ou de croissance de ces espèces, l’enjeu en Bretagne est très grand !
Ceci étant, la connaissance des ouvrages à la mer et de leur franchissabilité pour les poissons migrateurs, en particulier pour l’anguille, est fragmentaire en Bretagne. Pourtant, ces ouvrages se situent dans la Zone d’Action Prioritaire (ZAP) pour l’anguille du Plan de Gestion Anguille (PGA) et font l’objet d’une action du Plan de gestion des poissons migrateurs des cours d’eau bretons (PLAGEPOMI) 2024-2027. En 2024, Bretagne Grands Migrateurs (BGM), en collaboration avec l’Office français de la biodiversité (OFB), a lancé une étude visant à répertorier les premiers ouvrages à la mer sur les cours d’eau des côtiers bretons et évaluer leur franchissabilité en particulier pour l’anguille et prioriser les actions clés à mener en vue de rétablir la continuité écologique à l’interface terre-mer sur les côtiers bretons.
Pour cela, un état des lieux des premiers ouvrages à la mer des cours d’eau bretons est réalisé à partir du Scan25, des photographies aériennes, de l’imagerie satellite et du Référentiel des Obstacles à l’Ecoulement (ROE). Chaque 1er ouvrage à la mer a fait l’objet d’une visite de BGM et l’OFB pour expertiser leur franchissablité vis-à-vis des poissons migrateurs.
Visualisation d’ouvrages à partir des (a) photographies aériennes et (b) des cartes topographiques. Les ouvrages sont identifiés par les points verts.
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L’inventaire mené en 2024 a mis en évidence la présence de 419 ouvrages à la mer le long des côtiers bretons, dont 44% n’étaient pas référencés dans le ROE de l’OFB (183 ouvrages). Sur ces ouvrages, seulement 30 % sont franchissables par l’anguille.
Franchissabilité des ouvrages à la mer de Bretagne pour l’anguille en montaison (0 : absence d'obstacle, 1 : franchissable sans difficulté apparente, 2 : franchissable avec risque d'impact, 3 : difficilement franchissable, 4 : très difficilement franchissable, 5 : totalement infranchissable)
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70 % des 1ers ouvrages à la mer recensés doivent faire l’objet d’une expertise complémentaire ou d’études ou travaux à mettre en œuvre pour faciliter la migration des anguilles. L’étude se poursuit en 2025. Il est prévu de préciser l’expertise à partir des connaissances disponibles auprès des acteurs locaux et des données de pêche scientifique à l’électricité et de prioriser les actions à mettre en œuvre selon les surfaces d’habitats colonisables pour l’anguille en amont et d’autres critères à définir.
Exemples d’ouvrages à la mer recensés en Bretagne
L’étude a été menée par CARTON Apolline dans le cadre d’un stage de Master 1 encadré par BGM en collaboration avec l’OFB. Le rapport est en cours de publication.
Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel article !