Source de la photo : L. Madelon
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ECOLAB - UMR 5245
CNRS-UPS-INPT
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Le silure glane (Silurus glanis) est l’un des plus grands poissons d’eau douce dans le monde et le plus grand en Europe. En France, l’introduction et l’expansion du silure, qui à taille adulte (>2m) atteint plus de deux fois la taille des prédateurs natifs comme le brochet (>1m), ont augmenté la taille refuge des proies c’est-à-dire la taille maximale à laquelle ces dernières ne sont plus prédatées. Des poissons comme les espèces anadromes qui échappaient, de part leur grande taille, à la prédation sont désormais susceptibles d’être prédatées par le silure. De plus en plus d’interrogations se posent sur l’impact du silure sur l’ensemble des espèces migratrices. Les chutes d’effectifs constatées chez les espèces migratrices d’une part et l’observation de comportements de prédation par le silure sur ces espèces (saumons, mulets, aloses) d’autre part, posent la question de l’impact du silure sur les espèces migratrices. L’objectif de ce projet est d’estimer la biomasse de poissons migrateurs consommés par le silure.
La réalisation de cet objectif suppose d’évaluer la consommation de proies migratrices par le prédateur et d’estimer la densité du prédateur dans le milieu étudié. Premièrement, la consommation de proies migratrices sera estimée à l’aide d’un modèle de consommation alimenté par des paramètres issus de la littérature et de paramètres mesurés sur le terrain. En particulier, la proportion de proies migratrices dans le régime alimentaire des silures sera calculée à partir de l’analyse des isotopes stables du carbone et de l’azote sur des fragments de nageoire de silure. Si cette analyse isotopique permet d’intégrer les proies réellement assimilées par le consommateur sur une période temporelle d’environ 3 mois, elle ne permet pas de discriminer précisément quelles espèces sont assimilées. Les analyses isotopiques seront donc complétées par l’analyse des contenus stomacaux des silures collectés.
Les stocks de poissons constituent une variable difficile à mesurer, surtout dans les grands milieux ouverts. Les progrès récents en génétique des populations rendent désormais cette estimation possible en suivant les flux de gènes au sein d’une population pour évaluer le nombre de géniteurs « efficaces » en termes de reproduction et le nombre de descendants obtenus. La densité de silures sera donc estimée à partir d’un modèle de génétique des populations issu d’analyses moléculaires effectuées sur les silures. La caractérisation génétique des silures sera effectuée par génotypage de 10 marqueurs microsatellites de l’ADN nucléaire déjà décrits chez le silure.
Cette étude sera appliquée au cas du bassin de la Vilaine. L’échantillonnage se concentrera sur des silures adultes (>1m) c’est-à-dire uniquement les individus susceptibles de consommer des espèces migratrices anadromes (espèces de grande taille). La qualité de l’estimation dépendra très fortement des données acquises sur le terrain, et sera conditionnée par l’effort d’échantillonnage. La méthode consiste à effectuer des prélèvements de fragments de nageoires pour l’analyse des isotopes stables et pour l’analyse génétique et des prélèvements de contenus stomacaux.
Calendrier
- 2020-2022 : Prélèvements de fragments de nageoires (i) pour analyses isotopiques (silures et proies) et (ii) pour analyses génétiques (silures sur 5 stations) a débuté en 2020 jusqu’en 2022. Ces prélèvements seront complétés par des analyses de contenus stomacaux pendant la période de présence des espèces migratrices réalisées sur des silures pêchés par des pêcheurs professionnels.
- 2022 – 2023 : Préparation des échantillons pour les analyses isotopiques (spectromètre de masse) et les analyses génétiques (amplification, séquençage)
- 2023 : Analyses des données, rédaction d’articles scientifiques et du rapport final.
Coordinateur : Frédéric Santoul (Maître de Conférences, Université de Toulouse)