Le saumon atlantique est l'unique espèce de saumon présente dans l'océan Atlantique nord et ses mers adjacentes, du cercle Arctique jusqu'au Portugal, et du Québec jusqu'à la rivière Connecticut. En France, le saumon était autrefois tellement abondant que dans les manufactures qui bordaient les cours d'eau, les employés avaient obtenu que l'on ne leur en serve au déjeuner qu'une seule fois par semaine ! (Lire le récit d'un pêcheur de saumon de la Loire à la fin du 19ème siècle) Plusieurs facteurs ont conduit à la raréfaction du saumon. Depuis le milieu du 18ème siècle, la construction de barrages a eu notamment pour conséquence de diminuer les surfaces de frayères accessibles. Ceci entraine inévitablement la chute des effectifs de jeunes saumons susceptibles de partir grossir en mer. Pour compenser les problèmes de survie en mer liés au dérèglement actuel du climat, tout doit être mis en œuvre en eau douce afin de garantir la survie de l'espèce. |
Le saumon atlantique fréquente la plupart des bassins versants situés à l'Ouest d'une ligne Saint-Brieuc (22) / Vannes (56). Au total, le saumon est présent sur 29 bassins versants et l'évolution de la population est suivie sur 23 bassins versants. L'espèce a disparu des fleuves situés au Nord-Est de la Région à l'exception du bassin du Couesnon sur lequel un programme de restauration a été conduit à la fin des années 1980. L'espèce s'y reproduit aujourd'hui sur les affluents les mieux préservés mais se maintient difficilement sur le cours principal en raison de la dégradation des habitats (curage, rectification, recalibrage) opérée sur de grands linéaires.
Répartition du saumon atlantique sur les cours d'eau en Bretagne (BGM, 2020)
Deux groupes de saumons atlantiques génétiquement différents sont présents en Bretagne. Le groupe de souche armoricaine grandit et se reproduit sur les fleuves situés à l'Ouest du Couesnon ; la Vilaine constitue la limite Sud de colonisation de cette souche. Les saumons du Couesnon font partie du groupe de souche bas-normande.
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Pour réaliser l’intégralité de son cycle de vie, le saumon a besoin d’effectuer une migration entre la mer et l’eau douce pour se reproduire. Pour cela, il fait face à de nombreux obstacles ! La présence d'obstacles sur les cours d'eau constitue en effet un facteur limitant de la répartition des espèces. En effet, les milieux naturels acceptent des densités maximales qui varient en fonction de la disponibilité en abris, en nourriture, en zones de reproduction. En effaçant des obstacles, les surfaces accessibles augmentent et un plus grand nombre de poissons trouvent l'espace suffisant à leur croissance. Ce qui contribue à l'augmentation des effectifs de migrateurs et par conséquent à leur sauvegarde.
Quelle que soit sa hauteur, tout obstacle en travers du lit des cours d'eau est un frein dans la migration. Même s'il n'est pas totalement infranchissable, un barrage à franchir est une difficulté dans le parcours. Il occasionne une fatigue et/ou des blessures qui peuvent être fatales lorsqu'elles se multiplient. Illustration : Impact des obstacles à l'écoulement sur les poissons migrateurs (© IMAGIC pour BGM) |
Les obstacles à la migration de remontée des saumons peuvent limiter partiellement voire totalement l’accès aux zones de frayères. Au niveau démographique, cela se traduit par une baisse des abondances voire une disparition totale de l’espèce sur un cours d’eau.
L’impact cumulé d’un grand nombre d’ouvrages sur un cours d’eau peut s’avérer conséquent, même si aucun obstacle majeur n’est identifié. Les conséquences induites sont la perte d’individus qui ne parviennent pas à franchir l’ensemble des obstacles mais également l’épuisement des individus. Une étude menée en 1999 et 2000 sur l’Aulne (radiopistage) a montré que seulement 4,3 % de la population de saumons était susceptible d’atteindre les zones favorables à la reproduction à cause des 26 obstacles à franchir entre Châteaulin et l’Aulne rivière.
Le cumul d’obstacles sur un cours d’eau induit ainsi des retards à la migration allant jusqu’à compromettre la reproduction. Si l’arrivée des géniteurs sur les frayères est trop tardive, la reproduction peut se révéler inefficace en raison de conditions environnementales contraires à la bonne survie des œufs.
En plus de contraindre la migration des saumons, les obstacles provoquent l’altération voire la disparition d’habitats propices à la reproduction en raison de l’ennoiement et du colmatage du substrat. La modification des écoulements vers une retenue d’eau stagnante entraîne également le réchauffement de l’eau et la diminution de l’oxygène dissous, paramètres auxquels le saumon est très sensible. Illustration : impacts des obstacles à l'écoulement sur les habitats aquatiques (IMAGIC pour BGM) |
Restaurer et garantir la migration des saumons vers leurs zones de reproduction participent à leur maintien. Plusieurs solutions existent pour réduire voire annuler l’impact négatif des obstacles à leur remontée, allant de l’effacement de l’ouvrage pour un gain écologique maximal à la passe à poissons, solution partielle qui ne permet pas le franchissement de 100% des poissons ni le passage des sédiments.
Le saumon, un athlète de haut niveauLes capacités de franchissement d’un obstacle sont étroitement liées aux capacités de nage et de saut qui dépendent elles-mêmes de la morphologie de l’espèce, de sa taille et de la température de l’eau. La silhouette et la morphologie du saumon font de lui un très bon nageur apte au saut. Avec la truite de mer, il possède, au stade adulte, les plus grandes capacités de franchissement d’obstacles par nage et/ou saut :
Toutefois, cette capacité est pondérée par les conditions physiques du poisson, la configuration de l’obstacle à franchir et les conditions que trouve le poisson au pied de l’obstacle :
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