La différenciation sexuelle a lieu au stade de l'anguille argentée après plusieurs années passées en eau douce (jusqu'à 20 ans pour les femelles en Bretagne).
Les quantités d'anguilles argentées produites en Bretagne sont difficiles à évaluer. Elles sont estimées à partir des densités d'anguilles jaunes en supposant qu'environ 5% d'entre elles s'argentent. Cela suppose à la fois de connaître les densités d'anguilles jaunes et les taux de mortalités selon leur origine (pêche, turbines...). Ces données sont modélisées dans un outil dédié, le modèle EDA (Eel Density Analysis).
EDA permet de prédire les densités d’anguilles jaunes et l’échappement d’anguilles argentées à partir des données des réseaux de pêches électriques. La version 2018 d’EDA (version 2.2.1) est basée sur un jeu de données de 29 183 opérations e pêche contre 24 541 en 2015 et 9 556 en 2012. L’augmentation du jeu de données s’explique par l’intégration des pêches en milieu profond et des données des réseaux spécifiques anguilles. Le modèle se distingue également par la prédiction des densités par classes de tailles séparées par les bornes 150, 300, 450, 600 et 750 mm. Les impacts anthropiques de la pêche de civelle, de la pêche aux lignes et des pêches amateur et professionnelles des anguilles jaunes en milieu fluvial ainsi que de la pêche de l’anguille argentée et des turbines, ont été intégrés.
Pour en savoir plus, consulter le rapport EDA 2.2.1
La production d'anguilles argentée sur les cours d'eau bretons est estimée en 2018 à 56,1 tonnes soit 4,5 % de la production du territoire français (1260 tonnes au total).
Biomasse d'anguilles argentées (en tonne) prédite par le modèle EDA (Projet SUDOANG, 2021)
Suivis de la dévalaison des anguilles argentées en Bretagne
Les anguilles argentées sont capturées dans un piège lors de leur migration catadrome. Elle sont dénombrées puis relâchées dans le milieu naturel.
Les années de dévalaison sont définies avec des limites allant du 1er septembre de l'année X au 31 août de l'année X+1 (par exemple, l'année 1996 décrit la dévalaison ayant eu lieu entre le 1er septembre 1996 et le 31 août 1997).
Les conditions hydrologiques très sèches de l’automne et de l’hiver 2022 ont fortement retardé la dévalaison des anguilles. De plus, la surverse du barrage a été entrecoupée avec une première surverse de quelques jours fin janvier-début février puis une surverse plus conséquente à partir du 13 mars. Ainsi, la majorité des anguilles dévalantes ont été observées après le 13 mars. Au 31/03, 250 anguilles ont été capturées en dévalaison, respectivement 236 anguilles argentées, 9 anguilles jaunes argentées et 5 anguilles jaunes. Cela correspond à la 22ème/26 dévalaison en termes d’effectifs depuis le début du suivi. Pour la dévalaison 2022/2023, la taille moyenne des mâles est de 373 mm pour un poids moyen de 92g. La taille moyenne des femelles est de 606 mm tout comme le poids moyen avec 420 g. Ainsi, malgré une taille supérieure à la moyenne interannuelle, le poids moyen des anguilles femelle est plus faible que la moyenne.
Concernant les anguilles argentées et jaune/argentées, 56,7 % des anguilles sont des femelles (139) et 43,3 % des mâles (109). Ce taux d’anguilles femelles est plus faible que les années précédentes (hors 2018). Ceci pourrait en partie s’expliquer par mortalité enregistrée à Bois-Joli au niveau du filtre et qui concerne majoritairement les femelles. En termes d’état sanitaire, aucune mortalité n’a été observée à Pont es Omnès pour cette dévalaison 2022-2023 mais la proportion d’anguilles saine est de 18 %. Près de 74% des individus présentent une ou plusieurs pathologies externes (40% avec une seule pathologie). Tout comme les années précédentes, les principales pathologies sont les érosions cutanées, les masses et grosseurs et les hémorragies.
Evolution du nombre d'anguilles vivantes et mortes capturées au piège de Pont-es-Omnès
Télécharger le dernier rapport de suivi des migrations d'anguilles et d'évaluation des stocks en place sur le Frémur en 2022 (Fish-Pass pour le MNHN)
Un système de sonar multifaiseaux (DIDSON) a été installé sur un rail porteur au niveau du quatrième pertuis de vannes du barrage d'Arzal en 2011. Il permet d'évaluer plus précisément les quantités d'anguilles argentées produites par le bassin versant de la Vilaine à partir de 2012. Les images sont enregistrées en continu puis dépouillées afin de dénombrer les anguilles argentées. L'efficacité de la détection est calculée en fonction de la taille des anguilles, de la position du didson et de la distance au didson. Pour extrapoler les effectifs migrants à l'ensemble de l'ouvrage, le porcentage de la surface de la vanne suivi par le sonar, et la ratio des débits de la vanne 4 aux autres vannes sont utilisés.
Ci-contre, vue d'écran de lecture du sonar multifaisceau... on distingue un poisson en haut à gauche. L'identification des espèces sur ces images est une affaire de spécialiste ! |
La saison 2020-2021 est la 8ème année du suivi. L’estimation quantitative de la dévalaison sur la Vilaine, sur la période de suivi, s’établit à (N=52 199) soit 20.1 tonnes. La tendance interannuelle est à la baisse, avec une légère augmentation à partir du minimum observé en 2017-2018.
Effectif estimé d'anguilles argentées sur la Vilaine à l'aide d'un DIDSON (Briand et al. 2022)