Le front de colonisation est l'endroit le plus amont d'un cours d'eau où sont présentes les jeunes anguilles. La localisation de cet endroit fournit des informations sur la fluidité de la migration d'aval en amont.
Le front de colonisation varie selon les bassins versants
Les anguilles de moins de 150 cm disposent d'une capacité de reptation sur des parois quasiment verticales si celles-ci sont suffisamment humides. Elles adhèrent mieux au substrat que les grands individus. Cependant, les plus grands barrages demeurent totalement infranchissables pour elles aussi.
- En l'absence d'obstacle majeur à leur migration, les anguilles sont capables de parcourir de longues distances pour atteindre les zones favorables à leur croissance. Sur le bassin de la Vilaine qui est le plus long fleuve breton (230 km de sa source en Mayenne jusqu'à l'Atlantique), elles sont présentes jusqu'aux environs de Vitré, c'est-à-dire à 130 km de la mer.
- En revanche, de nombreux bassins versants sont totalement inaccessibles pour les anguilles en raison de la présence de grands barrages, et ce, parfois dès l'estuaire. C'est le cas sur le Biez Jean (barrages de Mireloup et de Beaufort), l'Arguenon (barrage de la Ville Hatte), le Gouët (barrage de Saint-Barthélémy), la Douffine (barrage de Pont de Buis), la Rance en amont de Rophémel, etc. Ces barrages ne sont pas systématiquement équipés de dispositifs de montaison, ni de dévalaison pour les anguilles.
- D'autres barrages situés à l'aval des bassins versant sont équipés de passes pour les anguilles tels que les barrages de Pont es Omnes et de Bois Joli sur le Frémur (22/35), le barrage de Pont Rolland sur le Gouessant (22) ou le barrage du Moulin Neuf sur la rivière de Pont l'Abbé (29). Mais la dévalaison des anguilles argentées n'est pas toujours assurée.
Un front de colonisation évalué à partir des indices d'abondance anguilles
Sur des stations hors d'influence de tout obstacle et autres impacts anthropiques et réparties tous les 5 à 10 km le long depuis l'aval du bassin, des pêches à l'électricité sont réalisées depuis 2007 selon le protocole de pêche d'indices d'abondance anguilles, méthode dérivée des Echantillonnages Ponctuels d'Abondance (EPA) mise au point par l'Université de Rennes 1 (Pascal Laffaille), l'EPTB Vilaine (Cédric Briand), BGM (Marie-Andrée Arago et Gaëlle Germis) et l'AFB (Pierre-Marie Chapon) en collaboration avec les Fédérations de pêche de Bretagne. Ce suivi répond à trois objectifs :
- Établir un état des lieux de la population d’anguilles en Bretagne,
- Obtenir une tendance de l’état de la population,
- Réaliser un suivi annuel sur le Gouessant (22) et le Couesnon (35).
Cette méthode permet de suivre les populations d'anguilles selon un plan d'échantillonnage déterminé par la largeur du cours d'eau. 30 points de 30 secondes minimum sont échantillonnés sur des secteurs où les hauteurs d'eau ne dépassent pas 60 cm.
Aujourd'hui, plus de 670 stations ont été échantillonnées et 280 réactualisées sur une vingtaine de bassins versants.
Présence d'anguilles par classe de taille en Bretagnesur les stations de pêches électriques d'indice d'abondance anguille
Les anguilles de moins de 300 mm, en phase de colonisation active, ont été capturées sur l'ensemble des stations suivies en 2020, exceptions faites de celles situées en amont des bassins du Scorff et du Blavet qui n'ont pas été colonisés par cette fraction.Répartition par taille des anguilles capturées sur les stations suivies en 2022
Consulter la visualisation interactive des indices d'abondance anguille par bassin
Le tableau de bord ci-dessous est interactif ; il vous suffit de choisir l'année et le bassin pour visualiser et télécharger les résultats. En cas de difficultés d'affichage, accéder au module interactif sur Tableau public : page 1 / page 2