Réservons un bon accueil aux grands migrateurs !

Pour que les migrateurs puissent réaliser leur cycle vital en entier, il faut non seulement que les milieux aquatiques présentent les caractéristiques nécessaires à leur reproduction et/ou à leur croissance, mais il faut en plus que ces habitats préférentiels soient accessibles.

Le Léguer à Kergueffiou (FDPPMA 22)

Le Léguer à Kergueffiou (22)

Comme tous les êtres vivants, les poissons sont capables de supporter les agressions jusqu'à un certain point. Les paramètres environnementaux tels que la température de l'eau, la vitesse du courant, le taux d'oxygène... fluctuent naturellement. Les espèces tolèrent ces fluctuations dans certaines limites. Au-delà, leur survie n'est plus assurée.

En plus des fluctuations naturelles, les organismes vivants sont soumis à des pressions d'origine anthropique. L'ensemble de toutes ces agressions a des conséquences, parfois irréversibles, sur les milieux et sur les espèces qui y vivent.

La faune aquatique (poissons, insectes, mollusques...) est peu visible en comparaison des oiseaux, des insectes et des mammifères que nous côtoyons chaque jour. C'est pourquoi elle est souvent oubliée. Pourtant, son rôle dans l'équilibre de notre environnement est indiscutable et son utilité avérée.

La directive cadre européenne sur l'eau est l'un des éléments déclencheurs de la prise de conscience de l'intérêt de cette faune.

Le 23 octobre 2000, cette directive écrivait pour la première fois noir sur blanc que "L'eau n'est pas un bien marchand comme les autres mais un patrimoine qu'il faut protéger, défendre et traiter comme tel." (Article 1, Directive 2000/60/CE). Cette directive communément appelée Directive Cadre européenne sur l'Eau (DCE) est fondée sur le fait que le milieu aquatique ne peut être en bon état que si les organismes vivants qui l'habitent correspondent aux espèces typiques de ces milieux en l'absence de dégradation d'origine anthropique.

Depuis cette date, les paramètres physico-chimiques (température, conductivité, taux d'oxygène, etc.) ne suffisent plus pour évaluer la qualité de l'eau. Il faut aussi que les êtres vivants qui s'y trouvent (diatomées, végétaux, invertébrés, poissons) soient conformes aux peuplements observés dans des milieux non perturbés par les activités anthropiques.

Aujourd'hui, les enjeux qui touchent la préservation de la nature et la disponibilité en eau sont mondiaux. Et, la prise de conscience est générale. Les états membres de l'Union Européenne se sont fixé comme objectif d'atteindre le bon état écologique des eaux (2000/60/CE) (Télécharger la circulaire définissant le bon état des eaux). Cela signifie que les milieux aquatiques doivent retrouver un équilibre qui les rende capables de fournir aux populations une eau de qualité en quantité suffisante.

En conséquence, de nombreux programmes sont mis en place afin d'atteindre le bon état écologique des eaux demandé par la directive. Les milieux aquatiques dégradés dans le passé font donc l'objet de programmes de restauration. Ces programmes contribuent à la préservation des peuplements autochtones de poissons dont les migrateurs amphihalins présents dans de nombreux cours d'eau en Bretagne.

N'oublions pas que la restauration des milieux naturels est coûteuse, et que, par ailleurs, un milieu restauré après dégradation peut difficilement être aussi fonctionnel que le milieu d'origine façonné au fil du temps. Protéger les milieux, c'est d'abord limiter toute sorte de dégradation !

Limiter les atteintes aux milieux

Éviter de dégrader davantage : la meilleure solution pour préserver les milieux

Les milieux aquatiques ont fait l'objet de multiples dégradations. Dans le passé, ils ont été perturbés par diverses pratiques : travaux hydrauliques, apport du bassin versant, introduction d'espèces...

Par exemple, les travaux d'hydraulique agricole visant à augmenter la production d'une parcelle (drainage, calibrage des cours d'eau, curage, etc.), la construction de grands barrages pour fournir de l'électricité ou de l'eau potable, l'urbanisation en bordure de cours d'eau ou dans des zones de marais ont été réalisés dès les années 1960. Les conséquences de ces aménagements sur les milieux aquatiques et les espèces qui y vivent sont aujourd'hui connues.

Cours d'eau préservé Cours d'eau recalibré
Cours d'eau préservé Cours d'eau recalibré

Ces aménagement mettent en péril la ressource en eau et la préservation des espèces. Les modifications apportées aux milieux naturels ne les rendent plus aptes à assurer leurs fonctions. De nombreux déséquilibres sont en effet observés aujourd'hui :

  • Inondations,
  • Crues de fortes amplitudes plus fréquentes et plus brutales,
  • Sécheresses et assecs des cours d'eau également plus fréquents et plus longs.

Des lois et des procédures administratives visent aujourd'hui à protéger ces milieux dans l'intérêt commun afin de protéger la ressource en eau et de préserver les espèces.

Cependant, compte tenu de l'ampleur des dégradations subies, les mesures qui visent à protéger les milieux ne seront pas suffisantes pour reconquérir la qualité des milieux aquatiques. L'intervention directe sur le milieu par des actions de restauration est nécessaire.

Deux axes de travail permettent de restaurer les milieux aquatiques : la restauration des habitats au sens large et plus précisément la restauration de la continuité écologique. Ce dernier point concerne en premier lieu les migrateurs amphihalins tributaires de la circulation le long des cours d'eau pour assurer leur survie.

Restaurer les habitats

Les poissons ont des exigences !

De même que pour les humains ou tout autre être vivantles fonctions vitales des poissons (repos, alimentation,...) ne peuvent être satisfaites que dans certaines conditions. La capacité d'accueil du milieu est une condition essentielle au bon déroulement des étapes vitales. Le Léguer à Tonquédec (Catroux - FDPPMA 22)

Dans les milieux aquatiques indemnes d'activités anthropiques, la survie des espèces peut perdurer en l'absence de phénomène naturel extraordinaire (sécheresse, ouragan, irruption volcanique, etc.). En revanche, dans les milieux aquatiques dégradés, certaines fonctions vitales sont perturbées, voire comprises, et les organismes vivants éprouvent des difficultés pour assurer leur survie. De fortes modifications des milieux, telles que les curages pratiqués dans le passé, peuvent même conduire à la disparition totale des êtres vivants.

Afin de réparer les dégâts commis sur les milieux aquatiques, le recours à la restauration des habitats peut être nécessaire. Il permet le retour à des conditions de vie propices à la réalisation des fonctions vitales pour la faune aquatique.

Depuis plus de dix ans, l'état et les collectivités territoriales avec l'appui des Fédérations Départementales de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques élaborent et mettent en œuvre des programmes de restauration des habitats. Basés sur un état des lieux et sur le diagnostic des dysfonctionnements, ces programmes visent le bon état écologique des eaux tel qu'il est définit dans la directive cadre européenne sur l'eau.

Selon le type de dysfonctionnement, la restauration des habitats peut consister à reméandrer un cours d'eau, à apporter des granulats grossiers (cailloux, pierres, blocs) afin de diversifier le lit et les écoulements, à favoriser le développement arboré en berge, etc. Par ailleurs, des mesures de protection des milieux peuvent être prises. Il peut s'agir par exemple de poser des clôtures et d'aménager des abreuvoirs pour empêcher le piétinement du lit et des berges par le bétail. Dans tous les cas d'aménagement, une demande préalable doit être adressée aux services de la police de l'eau.

Les actions sont variées. Elles sont généralement prises en charge par les structures intercommunales de bassin versant et programmées dans le cadre des Contrats Territoriaux Milieux Aquatiques.

Toutes les mesures qui visent à restaurer les fonctionnalités des milieux aquatiques contribuent à la protection des peuplements piscicoles et notamment aux populations de migrateurs amphihalins.


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